Il faut bien avouer que Montrichard, sous son apparence calme de petite ville de province, peut parfois se révéler le théâtre d’épopées urbaines insoupçonnées. Pour peu qu’on ose s’aventurer à vélo dans les rues étroites de la zone bleue, où les pavés disputent la vedette aux voitures pressées, on se retrouve plongé dans une comédie burlesque, où il est difficile de savoir si l’on est le personnage principal ou un figurant accidentel. Et lorsque l’on décide, dans un élan de bravoure — ou d’insouciance, c’est selon — d’arpenter ces rues à contresens, on découvre vite que les réglementations les plus progressistes se heurtent encore à un mur de méconnaissance et de scepticisme. Mon expérience pourrait remplir un recueil intitulé Chroniques d’un Cycliste Mal-aimé.
Un Cycliste à Contresens : L’Audace Mal Reçue
Dans cette zone bleue de Montrichard, un détail intrigue le regard attentif : des panneaux indiquant que les vélos sont autorisés à circuler à contresens, à condition de rouler prudemment et de céder la priorité aux piétons. L’idée, résolument moderne, vise à promouvoir le vélo comme moyen de transport privilégié et à mieux cohabiter avec le chaos ambiant des voitures et des marcheurs nonchalants. Ce serait parfait… si tout le monde en était informé. Mais voilà qu’au fil de mes escapades dans le centre-ville, je découvre — douloureusement — que les automobilistes n’ont pas encore été mis au courant de ces nouvelles règles.
Un après-midi, pédalant tranquillement en remontant une petite rue dans “le mauvais sens” (qui, pour rappel, est en réalité légal), je croise un automobiliste. Son visage, d’abord figé dans l’incompréhension, se transforme en une grimace d’indignation pure. Évidemment, c’est un regard souvent accompagné de grands gestes. Un “dépôt de plainte visuel”, pourrait-on appeler ça. Quand ils prennent le temps d’ouvrir leur fenêtre – ce qu’ils adorent faire – c’est pour rappeler que « vous roulez à contresens, Monsieur ! » en ponctuant souvent leur observation d’un hochement de tête moralisateur, comme si, en tant que cycliste, j'avais trahi toutes les bases non écrites de la civilisation urbaine.
Une fois, un gentleman dans un monospace m’a même poursuivi quelques mètres pour bien s’assurer que j’entende ses récriminations : « Alors, et le Code de la route ?! Vous voulez mourir, c'est ça ?! » Si seulement il savait que, pour une malheureuse fois, je suivais précisément les règles…
Les Gendarmes et le Cycliste Rebelle
Mais la palme revient sans doute à ce jour où, après quelques tours dans le dédale de la ville, je remarque au loin une patrouille de gendarmerie. Pas de quoi me troubler. Je roule droit, je suis légal, je suis invincible, me dis-je en fredonnant intérieurement. Faux. À quelques mètres d’eux, le charmant bruit d’un sifflet fend l’air. Hop, la main levée, signe de s’arrêter. « Monsieur, vous savez que vous êtes en infraction ? Vous roulez en sens interdit. »
Mon premier réflexe a été le sourire poli, comme celui d’un élève qui sait pertinemment que le professeur se trompe, mais n’ose pas encore le dire. « Eh bien, en fait, non. Le contresens est autorisé pour les vélos ici », commence-je à répondre. Mon ton, paisible mais assuré, ne fit que renforcer les soupçons des deux agents visiblement peu au fait de cette avancée règlementaire cyclophile. Heureusement, je suis prévoyant : j’avais pris soin de prendre en photo, quelques jours plus tôt, le fameux panneau mentionnant explicitement mon droit au contresens. Une preuve irréfutable, brandie avec toute la fierté d’un avocat fraîchement diplômé.
Leur air perplexe valait à lui seul tous les détours à vélo faits dans la ville. Après une consultation rapide (et probablement hésitante) entre eux, ils m’ont laissé repartir, non sans me lancer un énigmatique « Bon, faites quand même attention, hein. »* Bien sûr, messieurs. Je ne fais que ça.
Et les vélos-cargo dans Tout Ça ?
Dans ce contexte de confusion généralisée où le simple cycliste est déjà regardé comme un extraterrestre, je me suis récemment surpris à rêver à l’arrivée des fameux vélos-cargo électriques annoncés à grand renfort de communication locale. Ces élégantes montures modernes, capables de transporter des charges impressionnantes avec l’assistance d’un moteur électrique, symbolisent une révolution douce mais ambitieuse pour un centre-ville plus vert et fluide. Mais quelque chose me dit que l’arrivée de ces vélos hybrides ne sera pas sans heurts dans notre bonne vieille Montrichard.
D’abord, il faudra expliquer aux automobilistes (et à quelques gendarmes) que oui, ces engins impressionnants ont eux aussi le droit d’exister. Les conducteurs s’habitueront-ils à voir un vélo-cargo débouler en leur direction, chargé d’une belle caisse de légumes bio ou d’un colis volumineux ? Cela pourrait déclencher de nouveaux panaches de colère, des regards encore plus furibonds, voire des débats houleux place du Marché, sur le bien-fondé de ce qu’ils considéreront sans doute comme une « hérésie réglementaire ».
Ensuite, il y a la coexistence sur ces rues pavées. Moi, cycliste modeste, je dois bien avouer que je ne verrais pas d’un mauvais œil un peu de soutien entre deux roues. Les vélos-cargo contribueront-ils à rendre le vélo plus visible et, par conséquent, plus légitime aux yeux des automobilistes ? Ou bien s’attireront-ils les mêmes quolibets que nous, cyclistes aguerris ? Je rêve d’un jour où un livreur en vélo-cargo ralentira en me croisant à contresens, m’offrant un hochement de tête complice, comme pour me dire : « Courage, compagnon d’un mode de vie alternatif. »
La Réconciliation des Sens
Finalement, je ne peux m’empêcher de voir dans ces péripéties une allégorie parfaite du défi que représente la transition écologique. Montrichard, à travers ses mauvaises humeurs routières et ses règlements encore en rodage, est une miniature des grandes transformations en cours : comment faire coexister tradition et innovation ? Comment changer les habitudes profondément ancrées sans froisser ceux qui, comme ce conducteur d’un monospace en colère, pensent défendre des règles immuables ?
Pour l’instant, je continuerai à pédaler avec mon sourire intermittent. Parfois complice, parfois ironique. Toujours vigilant. Parce que, dans cette zone bleue un peu anarchique où tout le monde semble rouler dans son propre sens, il y a un espoir : celui d’un centre-ville plus serein, où vélos, cargos et voitures découvriraient enfin que la route est assez large pour tous. Surtout à nous, les cyclistes à contresens, éternels ambassadeurs d’un changement au coup de pédale.
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