Le Calice et la Vendetta : chronique du match Montrichard - Ingré

par Gaston Laboulbène

Montrichard, dimanche 11 mai 2025,


Ah, mes chers lecteurs, mes fidèles pierrots des bords du Cher, aujourd’hui je vous embarque avec moi sous un ciel chargé d’un dimanche de mai, où la terre avait encore l’haleine grasse des pluies matinales. Le match entre le glorieux club de Montrichard et les gars d’Ingré s’est déroulé sur notre pelouse – enfin, pelouse, un mot un peu fort pour ces champs labourés et battus, dignes d’un vieux bal vigneron. Pourtant, ce ne fut pas un simple jeu. Ô non ! Ce fut une tragédie antique, une satire rustique, et une leçon de vie tout à la fois.

Les gens disaient dans les tribunes : « Ça va être une promenade, Gaston, t’inquiète. Ils ont battu Blois, dis donc ! » Suzanne Lefaucheux, qui apporte toujours ses galettes chaudes dans un panier en osier, m’a même soufflé : « Gaston, je suis venue avec un reste de confiture de coings, ça portera bonheur à Colas s’il entend parler de nous. » Mais moi, sentant la première goutte de sueur perler sur mes tempes, une sueur nourrie autant par la perspective des galettes que par mon intuition, j’ai compris que ce match ne serait pas une partie de cartes au café du village.

Un début de chasse... ou de débâcle ?

Les onze de Montrichard, nos vaillants fils des coteaux du Cher, paraissaient solides en apparence. Mais que voulez-vous ? Trois jours après avoir affronté Blois, ils avaient les jambes molles comme une pâte à tarte qu’on aurait oubliée trop longtemps au soleil. Dès la 13e minute, la foudre frappa : Ingré, tels des sangliers échappés des sous-bois de Sologne, enfonça notre défense d’un coup d’épaule. Le ballon fila droit au but, et notre gardien, Géraud « la Muraille », se retrouva à contempler l’horizon comme un vigneron contemplant ses rangs de vignes après les gelées de printemps… impuissant.

Pas même une minute plus tard, ils rajoutèrent une couche. Deux à zéro. Le stade grondait, et au premier rang, Maurice l’aubergiste grommelait : « Bah, on aurait dû garder nos gars pour la coupe. Les Ingréens, y jouent comme ces vilains que je vois dans mon bar, qui finissent leur route dans les fossés mais s’en sortent toujours mieux que toi. »

Colas, notre Colas, eut un dernier sursaut à la 27e minute. Oui, lui ! La fierté du Val-de-Loire, le gamay de l’équipe. D’un crochet imparable, il dribbla deux défenseurs avant d’envoyer une frappe sèche. Le ballon claqua dans les filets, comme un bouchon sautant d’une bouteille. 2-1 ! Mes amis, le Cher vibrait ! Suzanne, dans sa ferveur, se leva, levant son panier dans les airs : « Magique ! C’est magique ! »

Et puis le chaos vint.

Mais voilà. À trop s’exposer, on devient vulnérable, et c’était écrit sous les étoiles : Ingré était venu pour dépecer Montrichard comme on débite un sanglier après une chasse. Encore deux buts avant la mi-temps (38e) ! Honoré d’Argeron, le berger philosophe à sa place éternelle près du but, me souffla : « Gaston, mon bon Gaston, notre défense, c’est comme ma haie dans le pré : elle n’arrête plus ni les chèvres, ni les vents. Faut dire que la fatigue fait de nous des fauchés, pas des faucheurs. »

À la reprise, les vaillants de Montrichard semblèrent vouloir sauver l'honneur. Mais que voulez-vous ? Quand le vin est tourné, ce n’est pas avec du sucre qu’on le redresse. Pas moins de trois autres buts, tous plus cruels les uns que les autres, furent inscrits par cette équipe d’Ingré, qui jouait comme un pêcheur tire la truite hors de l'eau : méthodiques et implacables. Score final ? 6-1. Une branlée, mes amis, comme on dit au café du Pont-Neuf.

Les digressions philosophiques d'après-match

Alors que le stade se vidait comme un marché qui remballerait ses étals, je restai là, assis seul, ma plume entre les mains. Tout le monde rentrait chez soi, Suzanne au bras de Maurice l’aubergiste, essayant de lui remonter le moral. Honoré d’Argeron marmonnait quelque théorie sur « l’importance de la solidarité dans le marquage » en traçant des cercles dans la terre. Moi, j’observais les filets immobiles et les gouttes d’eau qui tombaient du brouillard.

Et je me suis dit : le football, ce n’est rien d’autre que la vie en miniature. C’est un champ pour y semer des rêves, mais aussi récolter des défaites. Montrichard a affronté plus qu’un adversaire : ils ont affronté leurs limites. Et parfois, mes chers amis, les limites humaines sont aussi têtues que le vent d’hiver qui courbe le dos des paysans.

Et puis Suzanne, avant de partir, s’est tournée et a crié : « Gaston, t’oublieras pas d’écrire que Colas, il a marqué avec la grâce d’un cygne, hein ! » J’ai promis d’écrire ce qu’elle voulait, mais dans mon cœur, je savais que ce n’était pas un cygne, mais un héron solitaire qui s’était battu avec noblesse contre un orage de flèches.

Mes chers amis lecteurs, ce fut un match cruel, mais signe de promesses. Un mauvais vin peut encore devenir un vinaigre noble, et nos gars de Montrichard, même s’ils restent en Régional 2, peuvent toujours viser la gloire en coupe. L’important, dans ce bas monde, ce n’est pas la victoire, mais la lutte, n’est-ce pas ? Qui sait, peut-être dimanche prochain, sous nos chênes centenaires, ils danseront la gigue de la revanche. À la vôtre, amis, et à celle du football.

Votre dévoué, Gaston Laboulbène.


L’ensemble de cet article repose sur l’imaginaire, une pure œuvre de fiction qui s’amuse à donner vie aux personnages et aux dialogues avec une touche de légèreté. Les propos attribués ici n’ont, bien entendu, jamais été prononcés, mais servent à colorer le récit et à retranscrire l’ambiance unique qui entoure ces moments. Cette démarche se veut simplement joyeuse et divertissante, une façon d’ajouter un brin de fantaisie à ces aventures sportives tout en célébrant l’esprit collectif et la passion de la communauté. Que ce soit au bord du Cher ou dans tous les recoins où l’on aime vibrer pour le sport, l’idée reste de partager ce mélange de sourire, d’émotion, et de complicité. À prendre avec le même esprit que celui du jeu lui-même : celui du plaisir et de l’enthousiasme !

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