Episode 9 - vendredi 30 mai 25

Avez-vous déjà remarqué comme certaines journées semblent écrites d'avance ?

Thomas Duchesne pousse la porte vitrée de la mairie et respire l'air tiède de cette fin mai. Ce matin, il a dû emprunter l'entrée latérale à cause des travaux de couverture qui ont débuté cette semaine. Aujourd'hui, sous un soleil généreux, Paris vibre au rythme des exploits. Zheng Qinwen vient de balayer Donna Vekić, Sabalenka a maîtrisé Kostyuk, et Alcaraz a dompté Kecmanović. À Montrichard, ces victoires logiques le rassurent. Parfois, les favoris tiennent leurs promesses.

Une satisfaction particulière l'envahit quand il repense au parcours de Lorenzo Musetti. L'Italien au revers à une main continue son chemin, portant l'héritage de cette école technique que Thomas chérit tant.

Connaissez-vous cette émotion qu'on ressent quand un joueur incarne parfaitement ce qu'on aime dans le tennis ?

Dans le couloir, il croise Martine qui range des dossiers en évitant les bâches de protection. "Alors, votre tournoi ?" lance-t-elle en refermant une armoire. "Les gros bras passent," répond Thomas. "Mais Musetti me fait plaisir avec son jeu à l'ancienne." Martine sourit. "Vous et vos histoires de revers... Au moins, vous, vous ne tombez pas en morceaux !" Cette allusion aux tuiles qui se sont détachées du toit la fait rire.

Ce vendredi après-midi, Thomas a prévu quelque chose de spécial. Au lieu de regarder les matchs depuis son salon, il va emmener Lucie au court municipal pour travailler son jeu de jambes. "Comme Zheng aujourd'hui," lui a-t-il dit au déjeuner. "Tu as vu comme elle bouge bien sur le court ?"

Au court, père et fille commencent leurs exercices sous le soleil de cette fin d'après-midi. Thomas observe les déplacements de Lucie, ces petits pas chassés qu'il lui enseigne patiemment. "Regarde," dit-il en mimant le mouvement, "Sabalenka fait pareil avant de frapper." Lucie acquiesce, concentrée sur sa technique.

Ce soir, Thomas prévoit de regarder les résultats complets avec sa fille. Ils ont préparé des sandwichs et installé le salon comme un petit centre de presse amateur. "Papa, tu crois que Musetti peut aller loin ?" demande Lucie. Thomas sourit. "Au tennis, tout est possible."

En 1989, Thomas Dufresne rêvait de ces huitièmes de finale à Roland Garros. En 2025, c'est à travers Musetti et son revers magique qu'il revit cette passion pure. Et tandis que le soleil continue de briller sur Montrichard en cette fin de journée, il se dit que certains gestes techniques traversent les générations comme des héritages précieux.

Sur les rives du Cher, l'eau scintille paisiblement sous la lumière dorée, indifférente aux rénovations municipales comme aux batailles parisiennes. Thomas se dit que cette transmission quotidienne sur leur court municipal vaut tous les exploits télévisés, car elle construit l'avenir de sa passion.

Si vous avez manqué le 1er épisode