Episode 8 - jeudi 29 mai 25

Avez-vous déjà observé comment le silence peut être plus éloquent que les applaudissements?

Thomas Duchesne s'étire dans son lit en ce jeudi de l'Ascension. Dehors, le ciel de Montrichard hésite entre nuages et éclaircies, promettant une journée changeante. Sur son téléphone posé sur la table de nuit, aucune notification tennis aujourd'hui. Il a volontairement évité les résultats depuis ce matin. Parfois, l'absence d'information vaut mieux que la certitude d'une déception.

Une étrange sérénité l'envahit quand il descend prendre son café. Pour la première fois depuis le début du tournoi, Thomas n'a pas consulté les scores en temps réel. Cette pause forcée lui fait du bien, malgré ce jour férié qui l'appelle traditionnellement vers les courts. Connaissez-vous cette sensation libératrice quand on s'affranchit momentanément de ses obsessions ?

Dans la cuisine, il croise Lucie qui grignote ses tartines. "Papa, tu ne regardes pas Roland Garros ce matin?" demande-t-elle, surprise. "C'est l'Ascension, on pourrait regarder ensemble!" Thomas sourit mystérieusement. "Je fais une pause aujourd'hui." Lucie hausse les sourcils, étonnée. Depuis qu'elle le connaît, jamais son père n'a "fait une pause" pendant le tournoi, surtout un jour férié.

Cet après-midi de l'Ascension, Thomas a prévu quelque chose d'inhabituel. Au lieu de suivre les matchs sous ce ciel capricieux, il va emmener Lucie se promener le long du Cher. "Pour réfléchir au tennis autrement," lui a-t-il dit ce matin. Ils avaient d'abord pensé à la bibliothèque, mais celle-ci est fermée pour le jour férié. En réalité, il veut voir si sa passion peut se nourrir d'autre chose que de résultats en direct.

Au bord du Cher, père et fille marchent lentement sur le chemin qui longe la rivière. "Papa, pourquoi tu ne veux pas regarder les matchs aujourd'hui ?" demande Lucie, intriguée par ce père qui découvre soudain les plaisirs d'une promenade sans tennis. Thomas sourit. "Parfois, il faut s'éloigner de ce qu'on aime pour mieux le retrouver."

Dans sa voiture, en rentrant sous ce ciel changeant, Thomas réfléchit à cette journée différente. Pas de stress, pas de déception, pas d'euphorie non plus. Juste cette tranquillité d'un homme qui a choisi de vivre le tennis autrement, même quand un jour férié invite à savourer chaque match.

En 1989, Thomas Dufresne vivait chaque point comme s'il était sur le court. En 2025, il apprend à sa fille qu'on peut aimer le tennis même quand on ferme son téléphone un jeudi de l'Ascension. Et tandis que les nuages continuent de défiler au-dessus de Montrichard, il se dit que certains silences valent parfois tous les commentaires du monde.

Sur les rives du Cher, l'eau coule paisiblement sous la lumière tamisée, indifférente aux drames parisiens. Thomas se dit que cette pause dans sa routine tennis lui a appris quelque chose d'essentiel : parfois, s'éloigner de sa passion permet de mieux la retrouver, même quand on a tout son temps pour la vivre.

Si vous avez manqué le 1er épisode