Episode 15 - jeudi 5 juin 25

Jeudi 5 juin, 14h30. Thomas Duchesne quitte la mairie plus tôt que prévu.

Le maire, lui a accordé cette demi-journée exceptionnelle. "Allez-y, profitez de cette finale française," lui a-t-il dit avec un clin d'œil complice. Ce jeudi de juin marque un tournant : Sabalenka vient de terrasser Swiatek dans un troisième set sans appel (7/6, 4/6, 6/0), et dans quelques heures, Loïs Boisson affrontera Gauff pour une place en finale. À Montrichard, cette journée historique mérite bien quelques libertés avec l'emploi du temps.

Connaissez-vous cette fébrilité particulière qui vous saisit quand l'histoire s'écrit en direct ?

Thomas file directement au collège chercher Lucie. "Papa, tu es en avance !" s'exclame-t-elle en sortant de cours. "Jour exceptionnel, mesures exceptionnelles," répond-il en souriant. Ensemble, ils se dirigent vers le café des Trois Marches pour regarder la demi-finale de Boisson. Cette spontanéité rompt avec leurs habitudes, mais certains moments valent tous les rituels du monde.

Au café, l'ambiance est électrique.

Une dizaine d'habitants se sont rassemblés devant l'écran. Martine de la mairie est là, ainsi que Michel du club de tennis et même Madame Durand, l'ancienne fleuriste. "On ne pouvait pas rater ça," murmure-t-elle à Thomas. Cette communion spontanée autour du tennis français le touche profondément.

Quand Gauff remporte le premier set 6-1, un silence pesant s'abat sur le café. "Elle est impressionnée," analyse Michel. "C'est normal." Thomas acquiesce, pensant à ses propres émotions d'adolescent face aux champions. Certaines marches sont plus hautes que d'autres.

Le deuxième set confirme la domination américaine (6-2).

Lucie serre la main de son père quand l'arbitre annonce la victoire de Gauff. "Papa, elle a quand même été formidable, non ?" Thomas sourit, ému par cette maturité. "Extraordinaire. Elle va entrer dans le top 100 lundi." Cette leçon de relativité vaut tous les cours de tennis du monde.

En rentrant à pied, père et fille débriefent cette journée mémorable.

"Tu sais," dit Thomas en observant les rues paisibles de Montrichard, "Boisson a réalisé quelque chose d'unique. Comme Errani et Vavassori qui ont gagné le double mixte ce matin." Cette capacité à transformer les défaites en victoires, Lucie commence à la comprendre.

En 1989, Thomas Duchesne rêvait de ces demi-finales à Roland Garros. En 2025, c'est à travers Loïs Boisson qu'il a revécu cette magie pure du dépassement de soi. Et tandis que juin s'épanouit pleinement sur Montrichard, il se dit que certaines journées marquent une vie entière.

Sur les rives du Cher, l'eau coule paisiblement vers des horizons inconnus, comme ces rêves qui trouvent parfois leur chemin vers l'éternité. Thomas se dit que cette leçon de courage partagée avec sa fille et sa communauté transcende tous les résultats du monde.

Si vous avez manqué le 1er épisode